Pisugtooq

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Combien de temps ça fait que je marche ? J'ai vu le soleil se lever et se coucher, sans fin, dans un ballet continu. Ça fait très longtemps que c'est comme ça, seulement je m'en rends habituellement pas compte, je dors. Plus maintenant, je ne dors plus. Je marche pour fuir, j'ai oublié ce que je fuyais mais ça devait être grave pour que je m'arrête définitivement de dormir. Peut-être que ça voulait me tuer ? Je sais plus, j'ai juste des passages flous dans ma tête, quelqu'un qui se retourne mais pas moyen de me rappeler à quoi il ressemblait.
À me nourrir de bestioles comme ça je sais pas si je vais rester en bonne santé très longtemps. Mais bordel pourquoi je marche comme ça ? Je me sens même pas fatigué. J'ai envie de m'arrêter mais j'y arrive pas. Il y avait de la lumière aussi, partout, des colonnes immenses de lumière. Et du bruit je crois. Oui, un bruit assourdissant en y repensant, et qui ne s'arrêtait jamais, jamais, jamais. Alors je crois que c'est ça que j'ai fui, le bruit et la lumière fausse, parce que ça voulait me tuer. Oui, et c'est pour ça que j'ai arrêté de dormir, pour pas que ça vienne me retrouver dans mon sommeil. Un bruit assourdissant et du mouvement. Du mouvement autour de la lumière, du mouvement qui s'associait au bruit.
Je ne me rappelle plus. J'ai tendance à oublier certaines choses, excusez-moi de ne pas pouvoir vous aider. Combien de temps ça fait que je marche ? Je dirais des siècles, des millénaires, je ne sais plus, je ne me rappelle plus. J'ai tendance à oublier certaines choses, excusez. Je quitte un monstre sans fin pour m'enfoncer dans un rouage perpétuel de questions et de pas. Et où je vais ? Je me rappelle plus, je crois que je veux aller loin mais je sais pas trop où. Je crois que je voudrais aller dans les étoiles, mais je suis pas sûr.

Bonne année !

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C'est amusant comme ça va vite et lentement en même temps. Voir les objets, les choses, le paysage défiler et puis le temps surtout. Se rendre compte que malgré l'extrême vitesse à laquelle ça va, on a encore le temps de s'accrocher à des détails qui en appellent d'autres et finissent au final par faire une grande toile, immense, mélangée de ce que vous vivez et de ce que vous avez vécu. Apercevoir une femme à la fenêtre, se rappeler de la courbe en velours d'une épaule le matin. De l'odeur du café et du pain grillé, de la petite lumière dorée qui vient vous réveiller. Je regrette un peu ces moments là. C'était silencieux et empli d'une musique très douce à la fois. Je me rappelle de la pluie, je me rappelle la peur quand tu rentrais trop tard, peur qu'il te soit arrivé quelque chose ou que tu ne reviennes plus. Et finalement tu rentrais, avec un sourire et des tonnes de papiers sous le bras en me racontant ta journée et je me sentais idiot. Bien sûr que t'avais un travail prenant. Apercevoir au loin une voiture qui arrive, se rappeler de la première qu'on a eu. Elle était pas bien belle, ni bien puissante mais elle marchait et aurait pu m'emmener au bout du monde. Je me sentais puissant à son volant, dévorant la route les cheveux au vent de la fenêtre grande ouverte. Et puis un jour, elle m'a ramené chez moi et elle est tombée en panne juste devant mon garage pour ne plus jamais fonctionner, tant pis.
C'est bizarre comme toutes ces choses étrangères vous rappellent ce que vous êtes. Un enfant dans sa chambre qui joue au deuxième étage d'en face. J'aurais aimé avoir des enfants, je les aurais accompagné dans leurs découvertes, pouvoir le prendre dans mes bras quand il est fatigué, lui apprendre des choses et le voir grandir en découvrant le monde et les différentes émotions humaines. Il n'y a rien au premier.
C'est étrange, en me jetant de ma fenêtre du septième je ne pensais pas voir tout ça.

trois
deux
un